Les femmes dans le monde du travail en pleine évolution
Ce que vous devez savoir
En bref
La mondialisation, les innovations numériques et les changements climatiques, entre autres facteurs, continuent à transformer le monde dans lequel nous travaillons ‒ une situation qui présente des défis et des opportunités dans la réalisation du potentiel économique des femmes pour un avenir meilleur. Découvrez ci-dessous quelques faits sur la situation actuelle des femmes dans le monde du travail en pleine évolution.
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Même si la mondialisation a permis à des millions de femmes d’exercer une activité rémunérée, le niveau de représentation des femmes dans la population active reste loin derrière celui des hommes. Les inégalités entre les sexes ont aussi placé les femmes au bas de la chaîne de valeur mondiale, dans les emplois les moins rémunérés, des emplois en sous-traitance payés à la pièce, et des formes d’emploi indépendant précaire, avec un accès très limité, voire inexistant à un emploi décent et à une protection sociale. Les femmes représentent la moitié du potentiel mondial et, pour le libérer, l’accès à un emploi décent rémunéré et de qualité doit être possible tout comme la mise en place de politiques et de réglementations sensibles à la dimension de genre telles que des congés parentaux appropriés et des horaires de travail flexibles. De telles considérations sont également logiques d’un point de vue économique : si les femmes jouaient un rôle identique à celui des hommes sur le marché du travail, 28 000 milliards de dollars US, soit une hausse de 26 %, pourraient s’ajouter au PIB mondial annuel d’ici 2025.
À l’échelle mondiale, les femmes sont plus susceptibles d’être au chômage que les hommes. De grandes disparités existent selon les régions. En 2015, environ 197 millions de personnes en âge de travailler étaient au chômage, soit 27 millions de plus que lors de la période précédant la crise financière de 2007. Le chômage des jeunes est tout particulièrement préoccupant. Il peut également avoir des incidences préjudiciables à long terme, telles que la perte des moyens de subsistance, la pauvreté ainsi que des impacts psychologiques : en 2015, le taux de chômage des jeunes s’élevait à 13,1 % – un taux bien plus élevé que le taux de chômage mondial, qui était alors à 5,8 %. Les disparités entre les sexes sont nettement marquées au niveau régional, par exemple en Afrique du Nord et dans les États arabes, où le taux de chômage des jeunes femmes équivaut quasiment au double de celui des jeunes hommes, atteignant environ 44 %, en dépit de la réussite scolaire croissante des jeunes femmes dans ces régions. De tels chiffres montrent que l’éducation ne peut à elle seule surmonter les barrières structurelles qui existent sur le marché du travail.
Les femmes occupent majoritairement des emplois moins qualifiés, moins rémunérés et plus précaires, et elles sont sous-représentées dans les rôles décisionnels et dans les secteurs tels que ceux des sciences et des technologies. Aujourd’hui, la moitié de la population active mondiale travaille dans les services, un secteur dominé par les femmes. La proportion de femmes travaillant dans les services s’élève à 77 % en Asie orientale et à 91,4 % en Amérique du Nord. Les secteurs employant les femmes varient énormément d’une région à l’autre et selon le niveau de rémunération : dans les pays à revenu élevé, les femmes travaillent principalement dans les secteurs de la santé, de l’éducation, de la vente en gros et du commerce de détail, alors que dans les pays à revenu faible et à revenu intermédiaire de la tranche inférieure, les femmes travaillent principalement dans le secteur agricole. La ségrégation sectorielle et professionnelle découle directement des barrières structurelles et de la discrimination fondée sur le sexe, par exemple la pauvreté, le manque de flexibilité des horaires de travail, l’accès limité ou inexistant à des services de garde d’enfants de qualité et abordables, des politiques de congé parental inadaptées et des attitudes sociales négatives, entre autres facteurs. Le leadership des femmes et leur représentation au sein des syndicats, des organisations de travailleurs et d’employeurs et des conseils d’administration sont essentiels pour garantir les droits fondamentaux du travail et assurer un emploi décent pour toutes et tous.
À l’échelle mondiale, le salaire des femmes ne représente que 77 pour cent de celui des hommes. Cet écart constitue une cause majeure des inégalités de revenus au cours d’une vie. Compte tenu des taux actuels, il faudra 70 ans pour combler cet écart. Les politiques en matière de travail représentent un facteur critique relativement à cet écart. Il est notamment plus contraignant pour les femmes de concilier un emploi rémunéré avec les responsabilités familiales. Les politiques restrictives, telles que des horaires de travail rigides et un congé parental limité, peuvent entraver l’évolution professionnelle des femmes et les forcer à choisir un emploi à temps partiel. De ce fait, elles doivent faire face à d’autres inégalités, telles qu’un accès limité aux services de protection sociale, notamment les prestations de vieillesse. Les femmes qui ont des enfants sont plus vulnérables à ces inégalités – un désavantage que l’on appelle également la « pénalité de la maternité ». En Afrique subsaharienne et en Asie du Sud, l’écart des salaires entre les hommes et les femmes s’élève respectivement à 31 % et 35 % pour les femmes mères de famille, contre 4 % et 14 % respectivement pour les femmes sans enfant.
De la cuisine au ménage, en passant par la collecte d’eau et du bois de chauffage, et les soins apportés aux enfants et aux personnes âgées, les femmes dans le monde assument une part disproportionnée du travail non rémunéré. Le travail non rémunéré soutient l’économie et compense souvent un manque de dépenses publiques dans les infrastructures et les services sociaux. En effet, on estime que les soins non rémunérés et les travaux domestiques représentent respectivement 10 % et 39 % du PIB. Ces chiffres montrent que ces travaux peuvent davantage contribuer à l’économie que les secteurs de la manufacture, du commerce ou des transports. Outre les hommes qui assument une grande partie de cette charge de travail, les politiques qui réduisent et redistribuent le travail non rémunéré des femmes et des filles, qui étendent les emplois rémunérés dans les services de soins, et qui offrent une protection sociale ainsi que des infrastructures de base, telles que l’accès à de l’eau propre, sont essentielles pour permettre aux femmes d’accéder au marché du travail, d’y rester et de réaliser leur plein potentiel économique.
Les congés parentaux et les services de garde d’enfants peuvent permettre aux familles de partager les responsabilités en matière de dispense de soins tout en assumant leurs obligations professionnelles et, par conséquent, permettre aux femmes d’accéder au marché du travail et d’y rester si elles le souhaitent. Bien qu’en théorie chaque pays dans le monde ait adopté une forme ou une autre de législation relative à la protection de la maternité, seuls 63 pays se conforment aux normes minimales définies par l’Organisation internationale du Travail, qui prévoient un minimum de 14 semaines de congé de maternité rémunéré. Même s’il existe une telle législation, on estime que seulement 28 % des femmes salariées dans le monde bénéficient réellement d’un congé de maternité rémunéré. Les politiques en matière de congés parentaux qui permettent aux deux parents de partager les responsabilités liées à la garde des enfants jouent un rôle critique dans le maintien du bien-être personnel et économique des femmes, des familles et de la société.
À l’échelle mondiale, les femmes, en particulier les migrantes, sont surreprésentées dans le secteur informel. Dans les pays en développement, le secteur informel reste la première source d’emploi pour les femmes. Parmi les femmes exerçant un travail informel figurent notamment celles qui sont à leur compte – telles que les vendeuses ambulantes, les marchandes de petits produits et les agricultrices de subsistance – ainsi que les travailleuses salariées s’occupant des travaux domestiques ou occupant un emploi agricole saisonnier. Le travail d’aide familiale demeure l’une des formes d’emploi informel les plus vulnérables. À l’échelle mondiale, 63 % des aides familiales sont des femmes, employées sans salaire direct dans une entreprise ou dans une exploitation agricole familiale. Cette économie informelle, également appelée « l’économie souterraine », n’est pas prise en compte par la législation du travail, exposant nombre de femmes soumises à des conditions de travail précaires contre des salaires faibles, sans avantages sociaux tels que des allocations de retraite, des congés de maladie ou une assurance de santé. Les mauvaises conditions de travail qui caractérisent l’économie informelle sont exacerbées par la discrimination en matière d’emploi, le sexisme, le racisme et la xénophobie.
Les personnes migrantes contribuent à l’économie et au bien-être social des sociétés, à la fois dans leur pays d’accueil et dans leur pays d’origine. L’argent – que l’on appelle également « les fonds » – que les personnes migrantes envoient dans leur pays d’origine permet d’améliorer les moyens de subsistance de millions de personnes et donc de renforcer les économies. En 2015, on estime à 581,6 milliards de dollars US le montant total des fonds envoyés par les migrants internationaux à leur famille, dans leur pays d’origine. Sur ce montant, 431,6 milliards de dollars US sont allés dans des pays en développement, soit près de trois fois la somme reçue de l’aide au développement officielle. La population active à l’échelle mondiale compte plus de femmes migrantes que de femmes non migrantes, et la plupart travaillent dans les secteurs largement féminisés des soins et des services de l’économie informelle. Les travailleurs domestiques, très largement représentés par les femmes, constituent l’un des groupes de travailleurs migrants parmi les plus vulnérables : leurs conditions de travail sont mauvaises, leurs journées de travail sont longues et leur protection sociale est limitée, voire inexistante. Dans le monde, 57 % des travailleurs domestiques ne bénéficient d’aucune limitation sur leurs horaires de travail. De même, la traite de la main d’œuvre aux frontières est préoccupante : les personnes migrantes et les jeunes femmes sont plus susceptibles de tomber aux mains de pourvoyeurs de main d’œuvre peu honnêtes qui, par le biais de pratiques coercitives ou perfides, les exposent à des conditions d’embauche précaires et à d’autres violations des droits humains et du travail.
La violence à l’égard des femmes dans le monde du travail constitue une violation des droits humains qui affecte les femmes, quel que soit leur âge, leur situation géographique, leur salaire ou leur statut social. Les femmes peuvent être victimes de harcèlement ou d’agressions sexuelles lors du trajet entre leur domicile et leur travail ou sur leur lieu de travail même. Alors que de nombreux pays disposent d’une législation ou de dispositions contre de tels actes de violence, leur impact reste limité. Dans l’Union européenne, par exemple, 55 % des femmes ont été victimes de harcèlement sexuel au moins une fois depuis l’âge de 15 ans. Parmi elles, 32 % en ont été victimes sur un lieu de travail. La violence à l’égard des femmes peut restreindre leur potentiel économique et social, affecter considérablement leur santé physique et mentale et, par conséquent, mener à l’absentéisme, à des promotions manquées et à une perte d’emploi.
Issus d’une tradition de relations de pouvoir inégales entre les femmes et les hommes, les obstacles à l’égalité des sexes persistent dans tous les pays, à la fois dans les sphères publiques et privées. Les obstacles juridiques ne font qu’aggraver les inégalités entre les sexes : par exemple, moins de filles sont scolarisées dans le secondaire par rapport aux garçons, moins de femmes travaillent ou dirigent des entreprises, et l’écart salarial entre les hommes et les femmes est plus important. Aujourd’hui, il existe encore au moins une restriction juridique fondée sur le genre restreignant l’emploi et l’entrepreneuriat des femmes dans 155 pays* ; les hommes peuvent légalement empêcher leur femme de travailler dans 18 pays* ; et seuls 67 pays disposent d’une législation contre la discrimination sexiste dans les pratiques d’embauche. Pour permettre aux femmes de réaliser leur potentiel économique, les pays doivent éliminer toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes qui figurent dans leur législation, conformément à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes – le traité sur les droits humains des femmes qui oblige les pays à prendre des mesures concrètes en faveur de l’avancement des femmes dans les sphères publiques et privées.
Parmi les 73 % de la population mondiale qui disposent d’un accès partiel, voire inexistant, à des services de protection sociale, les femmes sont surreprésentées et donc plus vulnérables à la pauvreté et à d’autres inégalités. Les barrières liées au genre peuvent créer une réaction en chaîne relativement au type et au degré de protection sociale dont une femme bénéficie au cours de sa vie. En raison du niveau inférieur de participation des femmes sur le marché du travail, de leur tendance à gagner des salaires plus bas et à bénéficier d’un accès plus limité au crédit et aux actifs que les hommes, les femmes peuvent être notamment confrontées à une plus grande précarité salariale et disposer d’une couverture limitée et inférieure des systèmes de services de protection sociale comportant des cotisations tels que la retraite ou les allocations chômage, et même l’assurance de santé. Au final, beaucoup basculent dans la pauvreté. À l’échelle mondiale, près de 65 % des personnes au-dessus de l’âge minimal de la retraite qui ne perçoivent pas de pension régulière sont des femmes. En d’autres termes, 200 millions de femmes âgées vivent sans revenus réguliers provenant d’un système de protection sociale, contre 115 millions d’hommes.
L’automatisation, l’intelligence artificielle, la robotique et Internet, entre autres innovations technologiques, ont transformé le monde du travail, créant à la fois des obstacles et des opportunités à l’autonomisation économique des femmes. Outre les disparités existantes entre les sexes dans l’accès aux technologies numériques et dans leur utilisation, ces mêmes technologies lèvent les barrières géographiques – un phénomène à la fois bénéfique et préjudiciable pour les femmes. Prenons l’exemple du travail participatif ou « crowd work » de l’économie collaborative qui fonctionne par l’intermédiaire de portails en ligne reliant des entreprises à des travailleurs du monde entier, leur proposant un grand nombre d’opportunités de travail rémunéré quel que soit leur situation géographique. Pourtant, la plupart des travailleuses et travailleurs participatifs sont des contractuels indépendants travaillant à leur compte sans protection professionnelle et qui sont donc plus vulnérables aux risques et aux responsabilités potentiels liés aux transactions avec leurs clients. Les inégalités entre les sexes qui existent déjà à l’égard des femmes ne sont que reflétées – quand elles ne sont pas aggravées – dans l’économie participative, qui a pour l’essentiel fait disparaître la protection du travail et la réglementation de l’emploi. Au fur et à mesure que ce type d’économie évolue, les femmes doivent disposer de toutes les compétences nécessaires en matière d’éducation, de formation et de qualifications professionnelles et entrepreneuriales pour atteindre les mêmes résultats et saisir les nouvelles opportunités qui se présentent à elles.