Justice maintenant :

Mettre fin à l’impunité des actes de violence sexuelle et sexiste en tant que crimes internationaux

Les violences sexuelles et sexistes constituent une violation omniprésente des droits humains

Si toute personne peut être victime de violence, les relations de pouvoir inégales et les profondes inégalités entre les sexes ont un impact disproportionné sur les femmes et les filles.

Cette violence est particulièrement présente en période d’insécurité ou de conflit et sous des régimes où il n’est pas possible d’avoir recours à la justice.

2
milliards
de personnes
dans
35
pays et
territoires
vivent dans des situations de vulnérabilité, de conflit et de violence.
Source: Banque mondiale

Historiquement, Les violences sexuelles et sexistes sont considérées comme une conséquence inévitable de la guerre – et non comme un crime devant faire l’objet de poursuites judiciaires.

Après la Seconde Guerre mondiale, les chartes des tribunaux militaires internationaux de Nuremberg et de Tokyo créés pour poursuivre les responsables d’atrocités commises pendant le conflit ne reconnaissaient pas explicitement les crimes sexuels et sexistes.

Aujourd’hui, les crimes sexuels et sexistes sont considérés comme des violations particulièrement graves du droit international.

Ils peuvent être classés dans la catégorie des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité ou des actes de génocide selon la manière dont les crimes sont commis et leur contexte. Le même crime peut également relever de plusieurs catégories.

Types de crimes internationaux

Crimes de guerre

Les crimes de guerre sont de graves violations du droit international humanitaire commises pendant les conflits armés.

Exemple de cas

Aujourd’hui, l’ancien chef militaire rebelle Bosco Ntaganda est jugé devant la Cour pénale internationale pour des crimes qui auraient été commis en République démocratique du Congo en 2002 et 2003. Comme ces crimes se sont produits pendant un conflit armé, les chefs d’accusation retenus contre l’accusé comprennent les crimes de guerre que constituent le viol et l’esclavage sexuel.

Crimes contre l’humanité

Les crimes contre l’humanité désignent des crimes commis dans le cadre d’une attaque généralisée ou systématique contre une population civile.

Exemple de cas

En Corée du Nord, les femmes enceintes qui ont été rapatriées de Chine sont souvent soumises à des avortements forcés dans les prisons du gouvernement. Comme cela fait partie d’une attaque généralisée contre des civils, une enquête de l’ONU a déterminé que le gouvernement de la Corée du Nord est en train de commettre le crime contre l’humanité que constitue l’avortement forcé.

Génocide

Un génocide est commis avec l’intention d’annihiler, en totalité ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux.

Exemple de cas

En Syrie, l’État islamique (Daech) a réduit en esclavage plus de 3 000 femmes et jeunes filles yézidies et les vend de manière répétée à des fins d’exploitation sexuelle. Comme Daech commet ces crimes avec l’intention de détruire le groupe ethnoreligieux yézidi, une enquête de l’ONU a déterminé qu’il s’agit de crimes de génocide.

Les victimes ont droit de recourir à la justice en vertu du droit international

L’accès à la justice peut prendre de nombreuses formes.
Poursuivez votre lecture pour en savoir plus.

Poursuites criminelles

Les tribunaux nationaux, régionaux et internationaux peuvent tenir les individus pour pénalement responsables de leurs actes et les condamner à des peines.

Exemple de cas

En 2016, un tribunal guatémaltèque a reconnu deux anciens officiers militaires coupables de violences sexuelles et sexistes constituant des crimes contre l’humanité commis contre des femmes du groupe autochtone Q’eqchi’. Ce cas a constitué la première accusation d’esclavage sexuel devant un tribunal national utilisant le droit pénal international.

Commissions de vérité

Les commissions de vérité rendent compte des violations passées des droits humains, souvent en recueillant des dépositions et en organisant des auditions publiques associant à la fois les victimes et les auteurs d’atrocités.

Exemple de cas

En 2015, une commission de vérité au Canada a publié un rapport sur le système de pensionnats pour enfants autochtones du pays, qui séparait les enfants de leur famille afin de détruire les cultures autochtones. Le rapport a établi un lien entre les violences commises actuellement à l’encontre des femmes autochtones et des facteurs de risque, parmi lesquels le racisme et la pauvreté – qui sont l’héritage des pensionnats pour les autochtones.

Réparations

Les réparations peuvent prendre la forme d’une indemnisation, d’une restitution des biens, d’une réhabilitation physique et psychologique des victimes et de réformes visant à garantir que les violations ne se reproduisent pas.

Exemple de cas

En Colombie, la loi sur les victimes et la restitution de terres fournit une aide et des réparations aux victimes du conflit qui dure depuis des décennies dans le pays. La loi de 2011 prévoit des mesures spéciales pour protéger les droits des femmes et donne aux femmes chefs de famille un accès prioritaire à la restitution des terres, au crédit, à l’éducation, à la formation et aux subventions.

En l’absence de preuve, c’est l’impunité qui prévaut.

Des enquêtes impartiales, rapides et professionnelles sont la première étape vers la justice pour les victimes de crimes sexuels et sexistes. Ces dernières ont le droit de raconter leur histoire dans un environnement sûr et favorable. Les enquêteurs doivent disposer de compétences et d’outils spéciaux afin de s’assurer que cet objectif soit atteint.

Les enquêtes de qualité font toute la différence

Découvrez le témoignage d’une survivante

Découvrez le témoignage d’un enquêteur

Approches sensibles à la dimension de genre dans la collecte de preuves

Les victimes peuvent

  • avoir besoin de temps pour se confier à un enquêteur
  • vouloir raconter leurs histoires à leur propre façon
  • utiliser des euphémismes pour décrire les violences sexuelles
  • avoir peur de représailles si elles parlent à un enquêteur
  • être traumatisées à nouveau quand elles font le récit de ce qu’elles ont vécu

Les enquêteurs doivent

  • accorder suffisamment de temps pour les entretiens, en se basant sur un plan d’enquête tenant compte de la dimension du genre
  • utiliser des techniques d’entretien qui permettent aux victimes d’avoir prise sur leur propre vie
  • comprendre la langue locale et le contexte
  • veiller à ce que la protection des témoins réponde aux besoins des victimes
  • orienter les survivantes vers des services de soutien psychologique
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Depuis 2009,

ONU Femmes et l’Initiative d’intervention rapide au service de la justice (JRR) ont rapidement envoyé en mission des experts spécialement formés dans le cadre d’enquêtes menées dans le monde entier pour garantir que les crimes sexuels et sexistes sont documentés avec précision et en toute sécurité.

En chiffres

  • 217 Experts
  •   répertoriés sur la liste de spécialistes de la justice pour les violences sexuelles et sexistes d’ONU Femmes et de l’Initiative d’intervention rapide au service de la justice
  • 73 Nationalités
  • 42 Langues
  • 52% Issus des
    pays du Sud
  • 67 Déploiements
    depuis 2009
  •   + Au 1er juillet 2017

Dans les coulisses : Les enquêteurs ONU Femmes - JRR

Les enquêteurs ont également documenté des crimes commis en :

Syrie

Depuis le début du conflit syrien en 2011, neuf experts ont été envoyés en mission dans le cadre de l’enquête en cours de l’ONU sur les crimes commis. Ces experts ont contribué à dénoncer les crimes sexuels et sexistes commis par toutes les parties – des preuves qui seront essentielles pour demander des comptes aux auteurs de ces crimes.

Ont été documentés : Des crimes sexuels et sexistes constituant des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et des actes de génocide, parmi lesquels :

  • Viols, violences sexuelles et esclavage sexuel des femmes et filles yézidies par Daech.
  • Meurtre d’hommes homosexuels, ciblés en raison de leur sexualité, par Daech
  • Viols, violences sexuelles contre des femmes et des hommes par des forces gouvernementales

Corée du Nord

En 2013, un expert a été envoyé en mission pour soutenir une enquête de l’ONU sur les violations des droits humains en Corée du Nord, un pays dirigé par un « chef suprême » depuis 1949. Les conclusions de l’enquête ont retenu l’attention de la communauté internationale suite à leur dénonciation des crimes sexuels et sexistes omniprésents et brutaux commis par le gouvernement nord-coréen.

Ont été documentés : des crimes sexuels et sexistes constituant des crimes contre l’humanité, parmi lesquels :

  • Des avortements forcés pratiqués sur des femmes rapatriées de Chine, constituant également des actes de torture
  • Des viols et des traitements inhumains et dégradants des femmes détenues dans les camps de prisonniers politiques
  • Des persécutions sexistes contre les femmes détenues dans les camps de prisonniers politiques

République démocratique du Congo

La RDC a connu une vague de conflits armés de 1994 à 2003. Un expert envoyé en mission dans le cadre de l’enquête de la Cour pénale internationale a contribué à recueillir les éléments de preuve nécessaires pour porter des accusations contre Bosco Ntaganda, un ancien dirigeant rebelle, pour crimes sexuels et sexistes. B. Ntaganda passe actuellement en procès.

Ont été documentés : des crimes sexuels et sexistes constituant des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, parmi lesquels :

  • Des viols de femmes et de filles de la population civile
  • L’esclavage sexuel de femmes et de filles de la population civile
  • Des viols, de l’esclavage sexuel, de l’enrôlement et de la conscription d’enfants soldats âgés de moins de quinze ans et leur utilisation pour participer activement aux hostilités

ONU Femmes et l’Initiative d’intervention rapide au service de la justice (JRR) sont mobilisés pour soutenir les victimes et contribuer à mettre fin à la violence sexuelle et sexiste dans les conflits.

Pour en savoir plus :